Mouvement d’éducation populaire à la mémoire partagée depuis 1998

BORDEAUX – BAYONNE – DAKAR – LA ROCHELLE – LE HAVRE – PARIS

TEMOIGNAGE d’une italienne après la visite du Bordeaux-Nègre

Sara Nathan tient un blog en italien « Viaggi e pensieri » (« Voyages et réflexions ») – Avec son amie Marina et Alex, la compagne de mon fils qui a eu la bonne idée d’inscrire à ce tour, nous étions prêts mais de façon sommaire sur le sujet…

« La mémoire est pas un luxe », il commence par ces mots, comme un coup de poing dans l’estomac dans le matin glacial, la présentation que Karfa Sira Diallo fait de lui-même et  » Mémoires et Partages « , l’Association internationale qu’il a fondé en 1998.

Rendez-vous à 10h le dimanche 28 Février en face de l’Ecole nationale de la Magistrature pour ce parcours de deux heures et six étapes de symbole – lieux de la « nègre Bordeaux » accompagné d’explications et réflexions de ce poète – écrivain – historien d’origine sénégalaise qui vit à Bordeaux depuis plusieurs années et travaille à la promotion de la mémoire…

Six étapes symboliques dans le tissu urbain de la ville qui retracent les moments clés de la Négritude asservie: la capture en Afrique, les cales des navires négriers, la vie dans les plantations antillaises, les émeutes et les tentatives de la liberté (marronage), les mariages humains et culturels issus de cette confrontation-rencontre forcée des peuples et enfin la liberté, où les lois des différents pays de la fin du 16ème siècle à la première moitié du 19ème siècle ont décrété l’abolition.

Une page honteuse de l’histoire qui dure plusieurs siècles de savoir et se rapportent à d’autres «souvenirs» de contribuer à une plus grande prise de conscience, un «nouvel humanisme» de vivre ensemble malgré et grâce à la diversité, une intolérance surmonter espéré, les fermetures et les stéréotypes.

Déjà le lieu de rencontre est très important parce que nous sommes sur le « parvis des Droits de l’Homme », «tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne» est estampillé entre autres éléments le long du marchepied et se trouve à côté des deux autres tours de l’ancien château Hâ, prison d’Etat jusqu’en 1967…

Toujours difficile et pénible de se réconcilier avec son passé, et comme l’Espagne de la guerre civile, le Japon de la Seconde Guerre mondiale, la France de Vichy, l’Italie et l’Istrie de dolines, Bordeaux aussi, explique Karfa Diallo, a opposé beaucoup de résistance avant d’affronter et de révéler son passé en tant que commerçant et mercantile port esclave en plein essor.

L’Espérance, Fortune, Liberté, Bonne Mère, Conduite de Dieu, Espoir, Heureuse Paix, Confiance, sont les noms des navires qui emportent leur cargaison humaine. Alignés dans la cale comme des sardines dans un ordre spécifique, maintenu nu chaud ou froid, (qui fait rage le scorbut et la dysenterie et a dû les laver rapidement avec jet d’eau), les jambes sur la danse pont, au son du fouet…

Karfa Diallo fait un parallèle avec l’Holocauste pour dire que le camp de concentration d’esclaves sera la plantation de sucre, le café, le cacao dans le soleil des tropiques, un univers complètement fermé dans lequel vous travaillez dans les chaînes de l’aube au crépuscule…

Notre promenade intéressante avec Karfa Diallo se termine précisément sur l’Esplanade des Quinconces, juste en dessous de la colonne qui célèbre «La liberté qui brise ses chaînes. »

En plus de l’expertise, j’ai vraiment apprécié l’équilibre de notre guide-conférencier qui, malgré les choses terribles qu’il nous a dit et qui font une partie indélébile de l’histoire, travaille, avec son organisation, à la connaissance, le dialogue, l’ouverture et jamais fermer les portes. Quoi qu’il en soit l’esclavage est pas fini, il nous reste à réfléchir et à la révolte qui a pris de nouvelles formes dans la modernité.

VOIR LE BLOG DE SARA- « Viaggi e pensieri » (« Voyages et réflexions »)

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